Le millésime 1971 : un millésime un peu trop vite oublié

par Lou Heriche
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Bordeaux 1971, un bon millésime en faible quantité

L’année commença par un froid glacial en janvier (-8°) suivi d’un mois de février très humide avec des températures peinant à dépasser les 0°. Mars suivit le tempo avec une pointe à -10° avant d’atteindre des températures plus clémentes en fin de mois. Le bourgeonnement commença le 30 mars et se poursuivit par une croissance très rapide lors de mois d’avril et mai aux températures estivales. Malheureusement juin connût des précipitations record, les tracteurs restèrent 4 mois durant au garage faute de pouvoir passer entre les vignes. Tout changea heureusement début juillet avec des températures autour de 30° durant tout l’été. Septembre se termine par un déluge perturbant fortement les vendanges et diminue les rendements. 

 Finalement, les quantités sont 40%  inférieures à l’année précédente. Cependant la qualité fût au rendez-vous. Les vins de ce millésime sont extrêmement fins et avec un très fort potentiel de garde. La qualité est très bonne, les vins sont élégants et puissants.

Vignoble de Bordeaux
©️ David Remazeilles

Bourgogne 1971, quand la grêle s’en mêle

Pinot noir, cépage de Bourgogne

Le temps fût favorable dans son ensemble. La floraison fût difficile, de violents orages frappèrent tout au long du mois d’août. Tout ceci associé à des phénomènes de coulure (on parle de coulure, quand au moment de la floraison, le pollen coule à cause de la pluie, et ne permet ainsi la bonne fécondation des fleurs de la grappe), 1971 avait tout d’une année catastrophique mais ce ne fût heureusement pas le cas et il en ressort un millésime honorable (bien que dénigré dans un premier temps). De beaux raisins, murs et concentrés donnèrent une qualité excellente, des vins généreux, rigoureux et bien équilibrés, idéale pour une bonne garde.

Vallée du Rhône 1971, la chaleur en gage de qualité

Les conditions furent très bonnes cette année à l’exception de quelques épisodes de grêle en juin qui n’eurent pas de conséquences sur les récoltes, l’été très chaud apporta un millésime de qualité.

Hermitage et Côte Rôtie ressortent du lot par leur robustesse et leur potentiel de garde.

On retiendra également de très bons Châteauneuf du Pape, tels que Chateau Rayas 1971, Clos Saint Jean 1971 et Château De Beaucastel 1971…

Vigne de Châteauneuf du Pape

Champagne 1971, la Bérésina climatique

4600 hectares sur les 30000 que compte la région ne purent être vendangés à cause de conditions climatiques désastreuses (fortes gelées en avril, grêle en mai mais aussi fin juillet et mi-août). Malgré cela et grâce à un mois de septembre idyllique, les raisins qui survécurent furent magnifiques.

Les grandes maisons, se servant dans les parcelles épargnées par le climat produisirent un très bon millésime contrairement à de nombreux indépendants, tributaires des aléas climatiques. Il en ressort un millésime excellent, des vins élégants, minces, plein de finesse et rafraichissants. Leur apogée est maintenant dépassée mais les plus grandes maisons peuvent encore être agréables.

Vignoble de Champagne
©️ Getty Images

Nos coups de cœur du millésime 1971

PETRUS 1971

PETRUS 1971

Noté 20/20 par Jancis Robinson

« Ce monstre riche et frais était fabuleux. Ma seule critique est qu’en le servant comme douzième vin dans un dîner, nous n’avons pas eu le plaisir de le déguster au moment où nos papilles gustatives étaient les plus fraîches. Il avait la vie, la sève et la saveur qui manquaient au 1975, aussi glorieux soit-il. Je pense que ce vin pourrait bien durer encore et encore. Certainement le meilleur 1971 connu de l’homme qui boit du vin ? Ou de la femme.« 

Dégustation juillet 2014

CHÂTEAU HAUT BRION 1971

CHÂTEAU HAUT BRION 1971

Noté 4/5 par Michael Broadbent

Dégustation janvier 1999

CHÂTEAU MAGDELAINE 1971

CHÂTEAU MAGDELAINE 1971

Noté 96/100 par Robert Parker

« Le Magdelaine ’71 est l’un des vins les plus performants que j’ai rencontrés ces dernières années. Il a un bouquet magnifiquement sculpté avec des parfums de groseille et de canneberge, de terre fraîchement labourée, de haie sauvage et un soupçon de truffe noire qui était incroyablement jeune compte tenu de son âge. Très élégant, un merveilleux mariage d’intensité et de sobriété. La bouche est mi-corsée avec des tanins très fins, soyeux et d’une immense pureté, un Saint Emilion qui miroite sur la finale précise, fraîche comme une pâquerette. C’est un de ces vins qui m’a incité à repenser le potentiel du domaine.« 

Dégustation février 2011

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